JOLI TABLEAU
Le jour s’est levé gentiment
Les hirondelles volent au vent
Dans les jonquilles ô quelle merveille
Une licorne se réveille
Dans l’herbe fraîche des prairies
Les vaches paissent, les p’tites chéries
Dans le ciel passe un soleil bleu
Et des arcs-en-ciel quand il pleut
Mais il y a
Une ombre au tableau
Au beau milieu
De tant de grâce
Comme une espèce
De gros, gros, gros
Dégueulasse
Les feuilles rouges au loin s’envolent
Les hirondelles en farandoles
Tombent les pommes une à une
La chouette hulule sous la lune
Mais il y a
Une ombre au tableau
Au beau milieu
De tant de grâce
Comme une espèce
De gros, gros, gros
Dégueulasse
Qui coupe du bois à tours de bras au son du cor
Qui creuse des trous un peu partout dans le décor
Avec lui c’est toujours la même signature
Les espaces verts c’est vraiment pas dans sa nature
Dans la forêt des sapins blancs
Tombe la neige, vive le vent
Sur les étangs mille Bamby
Font du patin jusqu’à la nuit
s il y a
Une ombre au tableau
Au beau milieu
Du temps qui passe
Comme une espèce
De gros, gros, gros
Dégueulasse
LES ZANIMOTS
Où sont le temps de chien et le chat dans la gorge
La langue de vipère et l’anguille sous roche
Où sont la triple buse qui bayait aux corneilles
La tête de linotte et la puce à l’oreille
Où sont la chair de poule et la cocotte-minute
Rendez-moi soyez chouette la tournée des Grands Ducs
La monnaie de singe et les roupies de sansonnet
Où sont les queues de poissons et que font les poulets
Où sont-ils passés
Tous les animaux
Où sont-ils passés
Je ne trouve plus mes mots
Où sont les chauds lapins et les froids de canard
Ça me fiche le bourdon de ne plus voir le cafard
Où sont les peaux de vache, les dos d’âne et les mules
Les moutons sous le lit qui donc les dissimule
Où sont les grosses baleines et les tailles de guêpe
Les fièvres de cheval et les drôles de zèbres
Où est la faim de loup où est la part du lion
Les boas, les queues d’pie et les nœuds papillon
où sont-ils passés
Tous les animaux
Où sont-ils passés
Je ne trouve plus mes mots
Où sont les cerfs-volants emportés dans leur élan
Les dindons de la farce, les pigeons, les faisans
Les chèvres les béliers et les bouc émissaires
Mais quelle truite a piqué la mouche de Schubert
La Grande Ourse et la p’tite et le Bison Futé
Sans doute qu’un blaireau les aura canardés
Les larmes de croco, les tigres de papier
Où sont-ils, où sont-ils, où sont-ils tous passés
Où sont-ils passés
Tous les animaux
Où sont-ils passés
Je ne trouve plus mes mots
Où sont-ils passés
Tout seul je m’embête
Où sont-ils tous passés
Je me sens si bête
L’HEURE DES MOUSTIQUES
Voici l’heure des moustiques
Leur chanson est mythique
Et caractéristique
Quand ils passent à l’attaque
Toujours la même tactique
Il faut plier boutique
Enrouler les batiks
Et courir au hamac
Tu troubles mon sommeil
Tu joues les picadors
Sur mes coups de soleil
Tes boutons me dévorent
Tu troubles mon sommeil
Tu te prends pour un cador
Tu m’agaces l’oreille
Si je t’attrape t’es mort
Comme les crèmes les sticks
Et les antiseptiques
N’effraient pas les loustics
Alors on met des claques
Quand ça devient critique
Et trop systématique
Il faut, c’est pas pratique
Dormir en anorak
Tu troubles mon sommeil
Tu joues les picadors
Sur mes coups de soleil
Tes boutons me dévorent
Tu troubles mon sommeil
Tu te prends pour un cador
Tu m’agaces l’oreille
Si je t’attrape t’es mort
Les pays exotiques
C’est beau, c’est touristique
Mais moi c’est l’antarctique
Que j’trouve paradisiaque
Tu troubles mon sommeil
Tu joues les picadors
Sur mes coups de soleil
Tes boutons me dévorent
Tu troubles mon sommeil
Tu te prends pour un cador
Tu m’agaces l’oreille
Si je t’attrape t’es mort
Tu troubles mon sommeil
Tu te crois le plus fort
Tu te fous des abeilles
Qui se lèvent à l’aurore
Si je t’attrape
Si je t’attrape
Si je t’attrape je te…
…tu troubles mon sommeil
Tu joues les picadors
Sur mes joues, mes orteils
Tout mon sang tu l’adores
Tu troubles mon sommeil
Tu te prends pour un cador
Tu m’agaces l’oreille
Si je t’attrape je te… mords
LES EXTRATERRESTRES
On n’est pas des petits hommes verts
On est des gros monstres pas clairs
À n’pas confondre avec E.T.
Nous, on n’est pas du tout gentils
On est plutôt du genre Alien
Pas vraiment portés sur l’hygiène
Des extraterrestres un peu gores
Et surtout on est carvinores
Waouh waouh
On n’est pas v’nus du Capricorne
Pour bouffer du pop corn
On n’a pas traversé Orion
Pour se goinfrer d’oignons
On s’est pas tapé la Grande Ourse
Pour porter vos courses
On s’est pas fait la Voie Lactée
Pour s’avaler des Milky Way
On n’est pas des végétariens
Nous ce qu’on aime c’est les terriens
Par-dessus tout on les adore
Avec une bonne vieille sauce au chlore
On ne vient pas pour vous servir
On vient juste pour se servir
La soupe ça nous prend le chou
Mais la chair fraîche ça nous rend fous
Waouh waouh
On n’est pas v’nus du Capricorne
Pour bouffer du pop corn
On n’a pas traversé Orion
Pour se goinfrer d’oignons
On s’est pas tapé la Grande Ourse
Pour porter vos courses
On s’est pas fait la Voie Lactée
Pour s’avaler des Milky Way
On avait un p’tit creux
Alors s’est dit, tiens
Pourquoi pas la planète bleue
Paraît qu’on y mange bien
On n’est pas v’nus du Capricorne
Pour bouffer du pop corn
On n’a pas traversé Orion
Pour se goinfrer d’oignons
On s’est pas tapé la Grande Ourse
Pour porter vos courses
On s’est pas fait la Voie Lactée
Pour s’avaler des Milky Way
On n’a pas déserté Pégase
Pour du jus de framboises
On n’a pas campé sur la lune
Tout ça pour des prunes
On s’est pas coltiné Véga
Pour des rutabagas
On n’a pas fait 36 fois l’tour
Pour des topinambours
On n’a pas traversé le Cosmos
Pour se gaver d’Menthos
On n’a pas brûlé du gas-oil
Pour deux brocolis dans une poêle
On s’est pas pris des coups d’soleil
Pour s’empiffrer d’oseille
On n’a pas quitté Les Pléiades
Pour trois feuilles de salades
BIG BANG
Je sais ce qu’il y avait
Avant le Big bang
Je sais, je sais, je l’ai
Au bout de la langue
C’était comme une espèce de machin bizarre
En forme de j’sais pas quoi, tu vois l’bazar
C’était gros comme rien avec tout un micmac
De trucs hyper étranges qui faisaient tic tac
Le tout rempli de vide et inversement
Si tu veux des détails c’était absolument
Exactement, complètement, tout simplement
Je sais ce qu’il y avait
Avant le Big bang
Je sais, je sais, je l’ai
Au bout de la langue
C’était comme une espèce de machin, comment dire
En forme de je n’sais quoi, enfin tu vois l’délire
Comme un genre de bidule avec un drôle d’air
J’vais pas t’faire un dessin c’est pourtant très clair
Ça venait de nulle part ou dans les environs
Si tu veux des détails c’était carrément rond
Sans horizon, enfin disons de la science-fiction
Je sais ce qu’il y avait
Avant le Big bang
Je sais, je sais, je l’ai
Au bout de la langue
Mais c’qu’il y avait avant avant
Que tout ça commence comme disait Copernic
Ce qu’il y avait avant avant
Mystère et boule de gomme de taille astronomique
Je sais ce qu’il y avait
Avant le Big bang
Je sais, je sais, je l’ai
Au bout de la langue
LE VAISSEAU À PAULO
Mon voisin s’appelle Paulo
C’est un bricoleur très spécial
À partir d’un vieux tacot
Il a fait un vaisseau spatial
Une sorte d’objet volant
D’au moins 340 chevaux
Et lorsqu’il se met au volant
Il se prend pour Han Solo
Il n’a plus les pieds sur terre
Dans sa navette de fortune
Il a punaisé un poster
De neil armstrong sur la lune
Faut le voir frôler les trous noirs
Dans son engin super design
Il nous fait des appels de phares
Il se prend pour Albert Einstein
Venez, venez, venez voir
Comme il est rigolo
Venez, venez, venez voir
Le vaisseau à Paulo
Il a mis sur le tableau de bord
Une photo de sa grand-mère
À qui il pense très, très fort
Quand il passe en vitesse lumière
À travers toute la galaxie
On peut le suivre au télescope
Dans son incroyable taxi
Il ne respecte jamais les stops
Venez, venez, venez voir
Comme il est rigolo
Venez, venez, venez voir
Le vaisseau à Paulo
On dirait Dark Vador
Avec son masque de soudure
Mais ici on adore
L’entendre crier en voiture
Le jour du décollage
On a compté jusqu’à zéro
Fallait voir le village
Célèbrer son héros
Venez, venez, venez voir
Comme il est rigolo
Venez, venez, venez voir
Le vaisseau à Paulo
C’est vrai qu’il n’a pas les diplômes
Paulo pour être cosmonaute
N’empêche depuis qu’il est môme
Il fait hyper bien le Moon walk
Un jour quand il mettra les voiles
Bien plus haut que la station Mir
Moi je compterai les étoiles
Filantes pour m’endormir
Venez, venez, venez voir
Comme il est rigolo
Venez, venez, venez voir
Le vaisseau à Paulo
JIMMY
Quand il arrive le matin
Dans la cour de l’école Louis Blanc
Mieux vaut s’enlever du chemin
Et laisser sa place sur le banc
Faut dire aussi faut dire qu’il a
Le don de se faire des amis
Il veut qu’on l’appelle Attila
Sauf que son prénom c’est Jimmy
Mâchoire carrée et cheveux ras, Jimmy
Il est tout tatoué sur les bras, Jimmy
Si jamais vous avez le malheur
De lui frôler rien qu’une épaule
Il vous fait passer un quart d’heure
Dans la peau d’un putching-ball
Une gauche, une droite, un uppercut
Et vous êtes K.-O. pour de bon
On dirait qu’il n’a qu’un seul but
Dans la vie c’est d’être un gros c…
Mâchoire carrée et cheveux ras, Jimmy
Il est tout tatoué sur les bras, Jimmy
Personne ne rote plus fort que lui
Dans les couloirs, Jimmy
Il vous écrase entre ses doigts
Il fait même peur à Momo
Qu’est champion de sumo
Ici c’est lui qui fait la loi
Mais sous ses airs de brute épaisse
Se cache au fond un grand timide
Comme un concentré de tendresse
Un Malabar au cœur liquide
Même qu’il a écrit un poème
Dans sa petite cervelle de piaf
Un truc du genre « Maman je t’aime »
Avec trois fautes d’orthographe
Mâchoire serrée et cheveux gras, Jimmy
On voudrait le prendre dans ses bras, Jimmy
Même s’il n’y va pas de main morte, Jimmy
C’est un sentimental en quelque sorte, Jimmy
LE PACHYDERME ET LES PETITS RATS
Un éléphant sur une toile
D’araignée c’est vraiment hors norme
Mais s’il devient danseur étoile
Là c’est tout simplement énorme
Un pachyderme à l’opéra
Ça f’rait les gros titres et déjà
Je vois d’ici les petits rats
S’enfuir devant mes entrechats
On me verrait sur la photo
En maillot chaussons et collants
Léger comme un éléphanteau
Fendre les airs en souriant
Je danserais du Tchaïkovski
Je danserais du Prokofiev
Milan Berlin Moscou Paris
La mode serait aux pattes d’eph
Si seulement je savais
Sur quel pied danser
Si seulement je pouvais
Tout envoyer valser
J’arriverais en grandes pompes
Mais toujours, toujours sur les pointes
Je saluerais avec ma trompe
Laisserais partout mon empreinte
On ne m’appellerait plus l’enclume
Tellement je garderais la ligne
Je serais léger comme une plume
Dans le lac des cygnes
On viendrait voir à la Scala
Le Noureev de la savane
Au bras de la Pietragalla
Regardez comme il se pavane
Je l’écraserais de mon talent
J’en ferais des tonnes et bonsoir
Sous une pluie de barrissements
Remonterais dans ma tour d’ivoire
Si seulement je savais
Sur quel pied danser
Si seulement je pouvais
Tout envoyer valser
En attendant je me balance
Tous les jours au zoo de Vincennes
Parfois quand je perds la cadence
Le directeur me fait une scène
À la place des fleurs je reçois
Des cacahuètes mais j’m’en balance
Car j’ai l’impression quelque fois
Que c’est moi qui mène la danse
Si seulement je savais
Sur quel pied danser
Si seulement je pouvais
Tout envoyer valser
Je me sens si seul’
Ment je savais
Sur quel pied danser
Si seulement je pouvais
Tout envoyer valser
RODÉO
Quand j’étais petit je rêvais
De finir comme Billy the kid
Un hors-la-loi, un dur, un vrai
Pas du genre à prendre du bide
Mais j’ai troqué ma panoplie
Contre un costume de père Noël
Devant l’entrée du Monoprix
Je fais fuir la clientèle
Je rêvais des plaines du Far west
Et je m’réveille en banlieue nord
J’voulais qu’le shérif me déteste
Hélas même lui il m’adore
J’en ai ras le pompon des rênes
Je veux monter sur mes grands ch’vaux
Que l’on m’offre pour mes étrennes
Des éperons avec un lasso
Je vous préviens
Il va y avoir du rodéo
Je vous préviens
Je ne ferai pas de cadeaux
Les souliers j’en ai plein les bottes
Et le chocolat ça m’écœure
Les ch’minées j’en ai ras la hotte
Et puis je suis pas ramoneur
Moi j’ai l’étoffe d’un Pat Garett
Le chapeau blanc, le regard noir
Whisky, moustache et cigarette
Si t’es une dinde change de trottoir
J’en ai ma claque des fringues de clown
Des poupées Barbie un peu creuses
J’fais ma tournée dans les saloons
J’triche au poker, je vois des danseuses
J’ai commandé deux pistolets
Avec des étoiles sur la crosse
Ces trucs-là ne sont pas des jouets
Hier j’ai même braqué un gosse
Je vous préviens
Il va y avoir du rodéo
Je vous préviens
Je ne ferai pas de cadeaux
Mais je mettrai l’paquet
Jusqu’au Nouveau-Mexique
Je dévaliserai
Tous vos trains électriques
On m’jettera en prison
Pour trafic de lutins
Et pour finir, disons
Qu’ça sentira le sapin
Je vous préviens
Il va y avoir du rodéo
Je vous préviens
Je ne ferai pas de cadeaux
Ce soir je rentre à la maison
Retrouver le clan des Mc Coy
Avec ma fausse barbe en coton
I am a poor lonesome cow-boy
Ce soir je vends tout mon bazar
Ce soir je prends la diligence
Pour une poignée de dollars
Je m’offre des petites vacances
Je vous préviens
Il va y avoir du rodéo
Je vous préviens
J‘en ai plein l’dos de vos cadeaux
LES BÊTES SAUVAGES
Auprès de l’eau étaient les bêtes
À l’aube elles venaient là sans bruit
Se désaltérer de la nuit
Leur odeur emplissait nos têtes
et c’était comme dans un rêve
Les fauves avec les antilopes
tout ce qui vole rampe ou galope
Et chaque aube était une trêve
Nous on n’faisait pas partie du nombre
On attendait notre tour
lorsqu’effarouchées par leur ombre
Elles repartiraient au galop
on attendait depuis toujours
Un peu à l’écart sur la rive
que s’élance le grand oiseau
Sur la plaine brûlant où vivent
Les bêtes sauvages
Leurs silhouettes à perte de vue
Venaient rider l’étendue d’eau
où se reflétaient tout là–haut
Les torches de nos disparus
la nuit on pouvait voir leurs yeux
Tourner autour de nos feux
et les entendre dans les herbes
Vider la carcasse d’un zèbre
Et c’était une fête étrange
En silence nous attendions
la bouche sèche et à distance
Qu’elles se retirent enfin repues
et les hommes étaient aux aguets
Élancés comme des sagaies
et les femmes montraient là–bas
La seule chose qui disperserait
Les bêtes sauvages
Et leur soif n’en finissait pas
Ne finirait jamais parfois
on s’approchait d’un peu trop près
On s’approchait on s’approchait
alors elles relevaient la tête
Semblant dire au clan des hommes
du calme restez où vous êtes
Car nous restons ce que nous sommes
Auprès de l’eau étaient les bêtes
Et lorsqu’enfin elles n’y étaient plus
on s’avançait sur le rivage
Comme une danse qui se répète
dans la chaleur déjà tenace
On s’avançait braves et nus
pour mettre nos pas dans leurs traces
Et boire l’eau qu’elles avaient bu
Les bêtes sauvages
PETIT DÉTAIL
Tu peux étrangler des oiseaux
Découper des chats aux ciseaux, si tu veux
Empoisonner des poissons rouges
Tu peux tirer sur tout c’qui bouge, si tu veux
Mais sache, juste un petit détail
Si tu cueilles une fleur
Tu déranges une étoile
Les cochons d’inde, les vaches sacrées
Tu peux bien tous les massacrer, si tu veux
Les crocodiles aux yeux mouillés
Tu peux bien tous les zigouiller, si tu veux
Mais sache, juste un petit détail
Si tu cueilles une fleur
Tu déranges une étoile
Tu peux écraser des crapauds
Et papa ours lui faire la peau, si tu veux
Dégommer le dernier condor
Et plumer la poule aux œufs d’or, si tu veux
Mais sache, juste un petit détail
Si tu cueilles une fleur
Tu déranges une étoile